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Revue de presse sur la pauvreté - juin 2024

Exclusion scolaire

Mai 2024
Jamais la scolarisation des jeunes enfants n’a commencé aussi tôt, et jamais les études n'ont été aussi longues qu'aujourd'hui. Le taux de bacheliers et d’étudiants a atteint des niveaux record, marquant un succès de la massification scolaire entamée dans les années 1960. Pourtant, ce triomphe apparent s'accompagne d'un sentiment accru d'exclusion scolaire. François Dubet explore ce paradoxe, analysant comment une école plus ouverte peut être perçue comme plus excluante et propose des pistes pour rendre le système éducatif plus juste et inclusif.
  • Scolarisation précoce et taux élevés de diplômés : La scolarisation des jeunes enfants commence de plus en plus tôt, et les études sont plus longues qu'auparavant. Le taux de bacheliers et d'étudiants n'a jamais été aussi élevé, signifiant un succès de la massification scolaire entamée dans les années 1960.
  • Sentiment d'exclusion malgré l'ouverture de l'école : Malgré une école plus ouverte et inclusive, le sentiment d'exclusion est plus fort aujourd'hui. L'école est perçue comme créant de l'exclusion, bien que l'accès soit plus démocratique qu'avant.
  • Emprise scolaire et tri social : La massification scolaire a renforcé le rôle de l'école dans le tri des individus et la définition de leur mérite. Les diplômes, autrefois réservés à une élite, déterminent maintenant la valeur sociale et professionnelle de chacun.
  • Inégalités et stratégies familiales : Les parents investissent dans l'éducation de leurs enfants pour assurer leur succès, exacerbant les inégalités entre les familles favorisées et défavorisées. Ceux qui n'ont pas les moyens se sentent exclus et désavantagés.
  • Tri scolaire et cruauté de l'échec : Le tri scolaire est inévitable et cruel, même avec une égalité des chances parfaite. L'échec scolaire est perçu comme un échec personnel, ce qui affecte profondément l'estime de soi.
  • Transformation des parcours scolaires : Les parcours individuels remplacent les destins fixes. Les élèves sont orientés et sélectionnés au fil de leur scolarité, et les inégalités initiales s'accumulent, devenant plus importantes à la fin du parcours.
  • Impact sur l'estime de soi et la dignité : Dans l'école des parcours, chacun est responsable de ses performances, et l'échec devient une blessure personnelle. Cela entraîne une perte d'estime de soi et une frustration croissante chez les élèves.
  • Propositions pour réduire l'exclusion : Dubet suggère de réduire l'emprise scolaire et de reconnaître diverses formes de mérite. L'école devrait permettre une formation continue et valoriser des compétences au-delà des simples diplômes (inspiré par les idées d'Ivan Illich).
 
 

Petite enfance 

Juin 2024
Les métiers de la petite enfance occupent une place essentielle en assurant non seulement les soins et l'éducation des jeunes enfants, mais aussi en favorisant leur développement affectif et social à un stade crucial de leur vie.
  • Les métiers de la petite enfance, croisant les domaines de la santé et de l'éducation, présentent une diversité qui répond aux besoins complexes des enfants en bas âge.
  • Les professionnelles de santé comme les infirmières puéricultrices et les auxiliaires de puériculture jouent un rôle central dans les établissements d'accueil du jeune enfant, combinant soins médicaux et accompagnement psycho-sociale.
  • D'autres métiers comme les assistantes maternelles, les gardes d'enfants à domicile et les ATSEM sont moins institutionnalisés mais essentiels dans l'encadrement individuel des enfants.
  • Le rapport parlementaire souligne l'importance de valoriser ces métiers souvent sous-estimés, en les reconnaissant comme des professions à part entière au-delà des tâches basiques.
  • Les professionnelles de la petite enfance jouent un rôle crucial dans le développement affectif des enfants, contribuant à leur sécurité émotionnelle en l'absence des parents.
  • Les conditions de travail et le ratio d'encadrement influencent directement la qualité de la relation entre les professionnelles et les enfants, un enjeu clé pour leur développement.
  • Les assistantes maternelles, bien que bénéficiant d'une autonomie appréciée, souffrent parfois d'un manque de reconnaissance professionnelle, notamment en raison de leur travail à domicile.
  • La filière de la petite enfance fait face à un déficit d'attractivité, avec des taux élevés de renoncement aux professions et un nombre insuffisant de nouveaux candidats pour répondre à la demande croissante de places d'accueil.
  • Une campagne gouvernementale récente vise à promouvoir les métiers de la petite enfance pour attirer de nouveaux talents et stabiliser les effectifs dans ce secteur crucial pour le développement des jeunes enfants.
Etude : https://www.verslehaut.org/wp-content/uploads/2024/06/20240604_VLH_Decryptage_Petite-enfance_Web.pdf
 
 

L'impact des écrans sur les enfants

Mai 2024
L'article de VersLeHaut met en lumière les préoccupations croissantes concernant l'impact des écrans sur les enfants, en résumant les conclusions alarmantes du rapport de la commission d'experts mandatée par le Président de la République. Le rapport souligne l'importance croissante des outils numériques dans la vie des enfants et adolescents, ainsi que les implications éducatives et sociales associées à leur utilisation précoce et fréquente.
  • Équipement et usage des écrans : Les enfants détiennent en moyenne 1,6 écran personnel entre 7 et 12 ans, et 2,9 écrans entre 13 et 19 ans. Près de 90 % des jeunes de 13 à 19 ans possèdent un téléphone portable.
  • Durée d'exposition : Les enfants sont exposés quotidiennement à des durées significatives selon leur tranche d'âge, allant de 1h47 à 5h24, ce qui soulève des préoccupations quant à l'impact sur leur développement.
  • Impacts sur la santé et le développement : L'utilisation intensive des écrans contribue à un déficit chronique de sommeil chez les jeunes, avec 31 % des adolescents restant éveillés pour consulter leur téléphone la nuit. Cela peut affecter négativement leur cognition et leur santé mentale.
  • Effets sur le développement neurologique et la santé mentale : La commission rapporte une détérioration des compétences relationnelles chez les jeunes, ainsi qu'une augmentation des symptômes dépressifs, notamment chez les filles.
  • Exposition à des contenus inappropriés : Un nombre considérable de jeunes sont exposés à des contenus violents ou pornographiques en ligne, ce qui peut conduire à des problèmes d'addiction et d'autres risques pour leur bien-être
Recommandations : La commission propose des repères clairs pour limiter l'accès des mineurs aux écrans, comme l'absence d'écrans avant 3 ans, et un usage restreint avant l'âge de 15 ans pour les réseaux sociaux.

Voir l'article.
 

Mobilité dans les QPV

Mai 2024
L'article de l'INSEE explore la mobilité résidentielle au sein des quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV) en France, en se concentrant sur la période de 2011 à 2020. Les QPV, caractérisés par des taux de pauvreté élevés, abritent une population souvent confrontée à des défis socio-économiques significatifs. L'étude révèle que la mobilité résidentielle est influencée par divers facteurs tels que l'âge, le statut d'occupation du logement et le niveau de revenu, jouant un rôle crucial dans les trajectoires économiques et sociales des résidents.
  • Population et contexte :

    • En 2018, 8% de la population française (5,4 millions de personnes) vivait dans 1 436 quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV).
    • Les taux de pauvreté sont nettement plus élevés dans ces quartiers (43%) par rapport à 14% dans leur environnement urbain.
  • Mobilité résidentielle :

    • Entre 2011 et 2020, 53% des habitants des QPV ont déménagé au moins une fois, contre 47% dans les environnements urbains.
    • La mobilité varie selon l'âge : les jeunes résidents (18-29 ans) des QPV sont moins mobiles (80%) que leurs homologues urbains (86%).
  • Statut d'occupation du logement et mobilité :

    • Les résidents des QPV qui étaient locataires de logements sociaux en 2011 ont déménagé à un taux similaire aux locataires urbains (52% contre 51%).
    • Les propriétaires dans les QPV ont déménagé plus fréquemment que les propriétaires urbains (39% contre 33%).
  • Distance des déménagements :

    • Les résidents des QPV ont tendance à déménager sur de courtes distances (36% ont déménagé à moins de 2 km), comparé à ceux des zones urbaines (24%).
  • Résidence à long terme :

    • La moitié des résidents des QPV n'ont pas quitté ces quartiers entre 2011 et 2020, indiquant une stabilité et potentiellement des barrières à la mobilité.
  • Types de résidents :

    • Résidents stables : 37% sont restés dans le même QPV de 2011 à 2020.
    • Résidents mobiles : 11% ont déménagé à l'intérieur des QPV pendant cette période.
    • Entrants et sortants : 12% sont entrés et 27% sont sortis des QPV au cours de cette période.
  • Logement social et mobilité :

    • Emménager dans les QPV coïncide souvent avec l'entrée dans le logement social ; déménager hors des QPV signifie souvent passer à la location privée ou à la propriété.
  • Impact sur la pauvreté et le bien-être :

    • Les résidents restant dans les QPV (mobiles et stables) ont généralement des revenus médians plus faibles et des taux de pauvreté plus élevés que ceux qui ont déménagé (sortants).
  • Politique et contexte social :

    • Les QPV agissent à la fois comme des pièges ("nasse") et des refuges temporaires ("sas") pour les populations vulnérables, influençant leurs trajectoires économiques et sociales.
 

Revenus et inégalités sociales

Juin 2024
Les inégalités de revenus en France sont fortement influencées par l'origine sociale, le sexe, le quartier où l'on a grandi et l'origine migratoire, selon une étude récente de France Stratégie. L'origine sociale, en particulier, se distingue comme le principal facteur déterminant des écarts de revenus. Les individus issus de milieux favorisés bénéficient d'un bonus significatif de 1 080 euros par mois par rapport à ceux issus de milieux défavorisés, toutes choses égales par ailleurs. 
  • Origine sociale : L'écart de revenus entre les individus dont les parents sont cadres ou professions intermédiaires et ceux issus de familles d'employés ou d'ouvriers est de 1 080 euros par mois, représentant 51% du revenu moyen de la population. 

  • Sexe : Les hommes ont un revenu moyen supérieur de 620 euros par mois par rapport aux femmes, une fois corrigé pour les autres facteurs influençant les revenus.

  • Quartier de résidence : Habiter dans un quartier favorisé pendant l'adolescence est associé à un avantage de 250 euros de revenus mensuels par rapport à ceux ayant grandi dans un quartier prioritaire.

  • Origine migratoire : Les individus sans ascendance migratoire ont un avantage de 170 euros par mois par rapport à ceux ayant au moins un parent né à l'étranger, après ajustement pour les autres déterminants.

Ces résultats mettent en lumière les défis persistants en matière d'égalité des chances et soulignent l'importance de politiques publiques visant à réduire ces disparités, notamment à travers des mesures éducatives et d'accès équitable au marché du travail.

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